A. L'�largissement de l'Union europ�enne
M. Alain
Barrau, Pr�sident - Hubert Haenel et moi-m�me avons souhait� faire de
l'�largissement un des th�mes de d�bat de la COSAC car il s'agit d'une priorit� pour
notre pays et d'une question d'importance politique pour l'Europe de demain. De m�me que
nous affirmons la n�cessit� de r�former les institutions europ�ennes afin que l'Union
soit en mesure d'accueillir de nouveaux Etats membres, de m�me nous estimons que
l'�largissement ne doit pas d�naturer la construction europ�enne mais permettre aux
pays candidats d'adh�rer � une v�ritable union politique, �conomique et mon�taire.
Je vous donne la parole, Monsieur le ministre.
M. Hubert V�drine, ministre des affaires �trang�res - Vous avez bien fait,
messieurs les pr�sidents, de consacrer une part importante des travaux de la XXIIIe
r�union de la COSAC � la question de l'�largissement. Je vous remercie de m'y avoir
invit�.
Il importe en effet que les parlements nationaux soient tr�s bien inform�s et d�battent
plus souvent des grandes questions europ�ennes, en particulier de l'�largissement. Cela
ne peut que renforcer leur r�le dans la construction europ�enne.
L'�largissement n'est certes pas la seule priorit� de l'Union europ�enne, mais c'est
pour elle un horizon politique majeur qui justifierait, � lui seul, la r�forme des
institutions � laquelle nous travaillons.
L'heure n'est plus � se prononcer pour ou contre l'�largissement. C'est d�sormais chose
faite : tout le monde est pour, puisque les n�gociations d'adh�sion sont engag�es.
Il faut maintenant r�ussir l'�largissement, pour les pays candidats et pour l'Union
europ�enne.
De nombreux responsables europ�ens ont r�cemment soulign� � juste titre que des
efforts doivent �tre consentis pour que les enjeux et les r�sultats des n�gociations en
cours soient mieux compris. Ce n'est pas toujours le cas. On assiste parfois � une
certaine confusion. L'explication doit �tre notamment le fait des parlements nationaux,
qui devront dans la plupart des pays, ratifier les trait�s d'adh�sion.
Comment la pr�sidence fran�aise entend-elle, dans les mois qui viennent, exercer son
influence pour faire avancer les choses ?
L'Union m�ne aujourd'hui de front pas moins de douze n�gociations, six entam�es en 1998
et six cette ann�e. Il n'y a donc aucune commune mesure entre le processus en cours et
ceux qui avaient �t� pr�c�demment engag�s. Jamais l'Union n'avait ouvert autant de
n�gociations simultan�es. En vertu du principe de diff�renciation consacr� par le
Conseil europ�en d'Helsinki, les n�gociations sont conduites en fonction des m�rites
propres de chaque pays candidat. Le d�roulement des n�gociations ne d�pend pas de telle
ou telle sympathie ou affinit� politique, mais de la capacit� de chaque pays candidat �
reprendre et � appliquer l'acquis communautaire, lequel est divis� en 31 chapitres.
L'ensemble des chapitres - � l'exception de celui sur les institutions - ont
�t� ouverts avec six des douze candidats : la Pologne, la R�publique Tch�que, la
Slov�nie, l'Estonie, la Hongrie et Chypre.
L'Union consid�re les n�gociations sur plusieurs chapitres - entre quatre et
seize - comme " provisoirement closes ", ce qui est une
commodit� de langage, le principe de base �tant que rien n'est agr�� tant que tout
n'est pas agr��.
Ainsi avons-nous achev�, � titre provisoire, les discussions sur la libre circulation
des marchandises avec la R�publique tch�que et celles sur la libre circulation des
capitaux avec l'Estonie. Ce sont deux des quatre libert�s du march� unique. Dans le
domaine de la politique sociale europ�enne, auquel la France est tr�s attentive, nous
avons abouti avec Chypre et l'Estonie et sur l'�nergie avec la Hongrie.
Ce ne sont que quelques exemples. Que les d�l�gu�s des pays qui ne sont pas cit�s ne
s'inqui�tent pas !
Il faut poursuivre les n�gociations dans les domaines tr�s sensibles de la PAC, de
l'espace Schengen ou de l'environnement.
La seule solution consiste, dans un premier temps, � proc�der � une analyse objective
des difficult�s. Des n�gociations conduites avec rigueur et s�rieux sont � ce prix. On
ne peut laisser de c�t� des probl�mes par amiti� ou par facilit�. Il faut aller au
fond des choses, sinon toutes les questions non trait�es seront autant de bombes �
retardement, qui se retourneraient tragiquement contre les pays concern�s et contre
l'Union. Le s�rieux et la rigueur sont, dans cette phase de n�gociations, la meilleure
r�ponse � l'impatience, parfois l�gitime, des pays candidats et aux pr�occupations non
moins l�gitimes des pays membres de l'Union. La seule r�ponse est de n�gocier
s�rieusement et le plus vite possible.
Dans cet esprit, la pr�sidence fran�aise travaillera avec la Commission afin d'�valuer
les progr�s des pays candidats dans la reprise de l'acquis communautaire et leur
capacit� � l'appliquer de mani�re effective.
La pr�sidence fran�aise compte donc donner une nouvelle impulsion aux n�gociations en
entrant dans le vif du sujet. A la fin de la pr�sidence fran�aise, les n�gociations
seront ouvertes sur quarante-deux nouveaux chapitres avec chacun des six pays entr�s en
n�gociations cette ann�e. Ce sera donc plus de la moiti� du domaine de l'acquis qui
sera ainsi examin�. Nous allons aussi aborder ce probl�me de fond que constituent les
demandes de p�riodes transitoires. Quand elles sont r�alistes, de telles demandes sont
pr�f�rables � une reprise imparfaite de l'acquis. Mais certains de ces demandes, par
leur ampleur, pourraient porter atteinte au principe de base de l'adh�sion : la
reprise de l'acquis communautaire. Elles n�cessiteront des arbitrages politiques dans la
phase finale des n�gociations. Nous essaierons d'en traiter le plus grand nombre, afin de
pr�parer le terrain � l'accord d'ensemble qui conclura chaque n�gociation d'adh�sion.
Nous voulons aussi d�gager des perspectives et mettre au point une m�thode pour la suite
du processus. Tel est le sens de la " vue d'ensemble " que nous
pr�parons pour le Conseil europ�en de Nice. Il s'agit de faire le point, de mani�re
pr�cise et synth�tique, sur les douze n�gociations en cours. O� en est chaque pays
dans la reprise de l'acquis ? Respecte-t-il ses engagements ? Comment
aboutir ? L'Union europ�enne elle-m�me a-t-elle des points � clarifier ? De
la sorte, nous pourrons proposer � chaque pays candidat un sc�nario d'adh�sion. Nous
disposerons de tableaux synth�tiques donnant une photographie de la situation pour le
Conseil Affaires g�n�rales du 20 novembre.
L'Union europ�enne ne fixera pas pour autant une date d'adh�sion, m�me si certains pays
le souhaitent, estimant que ce serait un facteur de mobilisation interne. Il serait
arbitraire de fixer la date � laquelle devraient prendre fin les n�gociations. Du reste,
cela ne s'est jamais fait. Quand nous sommes pass�s de six � neuf, de neuf � dix, de
dix � douze puis � quinze, nous avons n�goci� jusqu'� ce que soient trouv�es des
solutions. C'est plus honn�te et plus satisfaisant.
Au demeurant, comment pourrait-on fixer la m�me date pour tous ? Personne ne le
souhaite. Il faudrait en r�alit� fixer une date par pays : on imagine les
pol�miques sans fin, les comparaisons d�plaisantes que cela susciterait.
En fait, il existe d�j� une date cible, qui peut mobiliser les pays membres comme les
pays candidats : celle du 1er janvier 2003, fix�e au Conseil
europ�en d'Helsinki, date � laquelle l'Union devra �tre pr�te � accueillir les
candidats qui rempliront les conditions. Il s'agit, pour l'Union europ�enne, d'une date
contraignante. Respecter cette obligation suppose d'achever � Nice la n�gociation sur
les quatre sujets de la conf�rence intergouvernementale.
S'agissant de la Turquie, l'Union europ�enne a admis sa candidature � l'adh�sion,
apr�s de longues discussions, au conseil europ�en d'Helsinki, mais sans engager la
n�gociation. On ne peut m�conna�tre le chemin qui reste � parcourir. La pr�sidence
fran�aise s'efforcera de faire avancer le partenariat de pr�-adh�sion conclu avec ce
pays.
L'Union europ�enne doit tout faire pour r�ussir l'�largissement : cela implique
une vision commune aux Etats membres et aux futurs adh�rents de la construction
europ�enne. C'est pourquoi la France a lanc� en 1997 l'id�e d'une conf�rence
europ�enne - id�e d'ailleurs reprise d'une initiative ant�rieure qui n'avait
malheureusement pas pris corps - afin que les Etats membres et les Etats candidats
puissent discuter de tous les sujets relatifs � l'Europe. Deux r�unions de la
Conf�rence europ�enne vont se tenir : la premi�re � Sochaux, le 23 novembre,
au niveau minist�riel, et la seconde � Nice, le 7 d�cembre, au niveau des chefs
d'Etat et de gouvernement. Nous �tablirons � cette occasion un �tat des travaux
relatifs � la r�forme des institutions et pourrons engager une r�flexion politique
commune sur le fonctionnement de l'Europe �largie.
Nous avons la volont� d'aboutir, c'est-�-dire de r�ussir, de r�soudre tous les
probl�mes, de sorte que l'Europe �largie soit forte et puisse d�velopper son formidable
potentiel.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Je vous remercie, Monsieur le ministre, d'avoir
introduit nos d�bats de mani�re particuli�rement claire et franche.
Je donnerai la parole en priorit� aux repr�sentants des pays candidats.
M. Tunne Kelam (Estonie) - Monsieur le ministre, j'appr�cie l'implication de
la pr�sidence fran�aise sur la question de l'�largissement. On le sait d'exp�rience,
les r�formes institutionnelles vont de pair avec l'�largissement. La question est donc
de savoir dans quelle mesure le conseil de Nice pourra �tre consid�r� comme une
r�ussite.
On ne doit pas tirer pr�texte d'un retard dans les r�formes institutionnelles pour
ralentir l'�largissement. Il serait trop facile de le diff�rer au motif que des
probl�mes n'ont pas encore �t� r�solus. Notre int�r�t commun est que les deux
processus s'encouragent mutuellement.
Il existe en Europe des mouvements populistes et extr�mistes qui cherchent une troisi�me
voie et veulent emp�cher la construction d'une Europe unie, prosp�re, stable et
pacifique. Il faut dissiper les ambigu�t�s.
La COSAC permet aux pays candidats de s'impliquer dans la construction d'une zone de paix
respectueuse des droits de l'homme. C'est un bon forum.
M. Dimitar Abadjiev (Bulgarie) - Il ne fait aucun doute que nous sommes tous
d'accord pour approuver la d�claration faite par Romano Prodi, le 6 septembre dernier,
devant le Parlement europ�en : l'�largissement, a-t-il d�clar�, constitue
" le d�fi historique de notre g�n�ration ".
En Bulgarie, nous nous pr�parons � le relever, comme l'a indiqu� notre ministre des
affaires �trang�res � Luxembourg. Nous esp�rons que la pr�sidence fran�aise adoptera
une attitude positive sur l'ouverture des n�gociations avec la Bulgarie comme avec les
autres candidats qui ont accompli des progr�s en vue de l'adh�sion. Il est �quitable de
juger chaque candidat selon ses m�rite propres.
La libert� de circulation est un grand acquis communautaire. J'esp�re donc que le
Conseil europ�en se mettra rapidement d'accord sur une liste des pays tiers dont les
citoyens n'ont pas besoin de visa pour p�n�trer dans l'Union europ�enne. Exempter la
Bulgarie et la Roumanie de cette obligation conforterait la stabilit� de ces Etats.
Compte tenu des progr�s accomplis en ce qui concerne la justice, les affaires
int�rieures, notre pays attend une d�cision politique sur ce point.
Mme Rosa Dovydeniene (Lituanie) - Nous sommes heureux que la discussion sur
l'�largissement s'intensifie au niveau parlementaire.
Nos progr�s nous ont permis de rejoindre le groupe de Luxembourg. Depuis que la
n�gociation d'adh�sion a �t� engag�e, le soutien de l'opinion � l'adh�sion a
augment� dans notre pays pour atteindre 70 %. Il est d�sormais indispensable que le
Conseil europ�en de Nice aboutisse � un accord sur une s�rie de r�formes
substantielles, propres � acc�l�rer le processus.
Nous sommes cependant inquiets devant le scepticisme qui se manifeste dans l'Union
europ�enne � propos de l'�largissement. Esp�rons que la campagne d'information lanc�e
par la Commission y portera rem�de. Nous appr�cions �galement que le Parlement
europ�en ait demand� � la Commission de faire une �tude sur le co�t du
" non-�largissement ".
L'�largissement est un processus mutuellement avantageux. Mais il subsiste des pr�jug�s
concernant l'agriculture, la libre circulation des personnes et les p�riodes de
transition. Les citoyens de nos pays veulent �tre des citoyens europ�ens � part
enti�re dans l'adh�sion, non des citoyens de seconde classe.
Beaucoup de questions restent � r�soudre. La Lituanie progresse rapidement dans cette
pr�paration � l'adh�sion � l'Union europ�enne.
Mme Dolores Cristina (Malte) - Certaines informations parues dans la presse
pouvaient laisser l'impression qu'il y avait eu � Biarritz certaines dissensions entre
Etats membres sur la question de l'�largissement. Les propos optimistes tenus hier par
M. Jospin et M. Moscovici ont contribu� � dissiper cette impression.
Malte partage l'attente - l'espoir m�me - des autres candidats. Nous esp�rons
que la CIG aboutira cette ann�e, de fa�on que la pr�sidence su�doise puisse mettre
l'accent sur l'�largissement.
Il faut compl�ter l'oeuvre d'Amsterdam et ne pas freiner le dynamisme du processus. En
septembre dernier dans la d�claration commune de Vilnius, les douze pays candidats ont
insist� sur l'importance de l'�largissement et sur le fait que chacun doit �tre jug�
selon ses m�rites.
La proc�dure d'�largissement suit un sch�ma pr�visible. Certains font pression pour
qu'on raccourcisse les d�lais pour �viter une mont�e de l'instabilit�.
L'�largissement .est sans doute le projet le plus ambitieux pour le destin de
l'Europe. Il est indispensable que des d�cisions soient prises � Nice.
M. Frantisek Sebej (Slovaquie) - L'�largissement pr�sente certains risques
pour les pays membres comme pour les pays candidats. Certains groupes politiques font
campagne contre l'�largissement. Les observateurs oscillent entre scepticisme et espoir.
Le retard pris dans le processus ne fait que renforcer ses adversaires notamment dans des
pays comme la Slovaquie, la R�publique tch�que, la Pologne ou la Hongrie, o� le soutien
� l'adh�sion est tr�s fort. Si celle-ci n'intervenait pas dans un d�lai de 3 ou
4 ans, ce soutien risquerait de s'affaiblir. On ne peut rester enthousiaste
�ternellement. Dans l'Union europ�enne m�me, les opinions se diraient que de tels
retards traduisent de vrais probl�mes.
Nos pays, qui ne sont pas membres de l'Union europ�enne, partagent cependant certains
probl�mes de l'Europe occidentale. Leur monnaie est li�e � l'Euro, qui est au plus bas
et ils paient leur p�trole en dollars, au m�me prix que les autres pays d'Europe
occidentale.
Notre Parlement comme notre Gouvernement �prouvent un certain malaise devant le retard
que prend la n�gociation. Nous savons que l'administration communautaire est surcharg�e
de travail mais pour garder espoir, nous aimerions que se manifeste une impulsion
nouvelle.
M. Hubert V�drine, ministre des affaires �trang�res - Sur la question
pr�cise des visas, la pr�sidence fran�aise est favorable � ce que la Bulgarie ne fasse
plus partie des pays soumis � visas, �tant donn� les efforts qu'elle a accomplis dans
les domaines de la police, de la justice et de l'administration. En adoptant ces
r�formes, la Bulgarie a en quelque sorte reconnu que les probl�mes �taient r�els
avant.
Cela dit, pour supprimer l'obligation des visas, il faut une d�cision � la majorit�
qualifi�e. La France essaie de l'obtenir mais certains autres Etats consid�rent que les
progr�s accomplis sont insuffisants.
Sur un plan plus g�n�ral, l'une des difficult�s que pose l'�largissement est qu'il
pr�te � la d�magogie. Pas plus aujourd'hui que pour les adh�sions pr�c�dentes il n'a
�t� question de calendrier pr�cis et fixe. D�s lors, comment parler de retard, sinon
par rapport � des promesses d�magogiques faites ici ou l� ? Il faut �tre plus
respectueux des peuples, donc leur dire la v�rit�, � savoir que les n�gociations
d'adh�sion sont compliqu�es. Que les pays candidats s'informent aupr�s des Espagnols et
des Portugais...
Nous devons �tre francs. Faire des d�clarations sur un calendrier ne sert � rien sauf
� compliquer les choses. Du reste, les candidats eux-m�mes ne se mettraient pas d'accord
sur une date unique d'adh�sion. D�sormais, il n'y a plus de groupes. La seule fa�on de
proc�der est de traiter chacun selon ses m�rites.
Il me semble qu'on aborde cette question de fa�on trop �motionnelle, certains
soup�onnant l'Union europ�enne de ne pas vouloir l'�largissement. Si tel �tait le cas,
elle n'aurait pas ouvert les n�gociations d'adh�sion. L'Union est consciente de la
signification historique de l'�largissement et de la n�cessit� de s'ouvrir � des pays
qui sont europ�ens et qui sont redevenus des d�mocraties. N�gocier prouve que nous
sommes vraiment favorables � l'�largissement.
Durant cette phase, ce n'est pas d'avocats que les pays candidats ont besoin, mais de
r�formateurs et de n�gociateurs. Ils entreront quand tous les probl�mes auront �t�
r�gl�s. C'est simple. Ils le savent d'ailleurs, puisqu'ils mettent en avant les
r�formes qu'ils ont accomplies, r�formes dont nous n'ignorons pas ce qu'elles leur
co�tent et que nous soutenons d'autant plus vigoureusement. Les candidats doivent en
outre reprendre tous les acquis communautaires, lesquels sont de plus en plus nombreux �
mesure que le temps passe. Mais c'est bien dans l'Union de 2000 qu'ils veulent entrer, pas
dans celle de 1957 ! Donc, les candidats ont un gros effort � faire, nous le savons
et ne voulons pas nous en tenir � un discours d�magogique ; il faut n�gocier et
n�gocier encore.
Dites-vous que les pays membres ont aussi des raisons de se pr�occuper de l'avenir de
l'Union. Si l'on avait accept� d'embl�e tous les pays candidats, sans faire auparavant
de r�forme institutionnelle, ils seraient entr�s dans une Union paralys�e. L'Union les
attire parce qu'elle est riche et vivante ; une Union paralys�e n'aurait aucun
attrait pour eux. Nos int�r�ts convergent donc ; ne vous persuadez pas que ce ne
seraient de notre part que manoeuvres dilatoires. L'id�e d'�largissement figurait d�j�
dans le trait� de Rome, qui pr�voyait d'accueillir tous les pays europ�ens
d�mocratiques. Si nous ne voulions pas de l'�largissement, nous n'aurions pas lanc� la
CIG aussi t�t, nous ne ferions pas le forcing pour aboutir � un bon trait� lors
du Conseil europ�en de Nice.
Je peux comprendre l'impatience des candidats mais c'est � leurs responsables politiques
de faire un travail approfondi d'explication, pour faire comprendre chez eux ce qu'est
l'Union et en quoi tous ont int�r�t � ce qu'elle soit forte. Au lieu de protester
contre un retard suppos�, vous devez soutenir nos efforts pour r�ussir les r�formes
institutionnelles. Elles sont indispensables � l'�largissement et ne sont nullement un
pr�texte pour le retarder.
N�gocier vraiment, ce n'est pas dresser la liste des points d'accord mais s'attaquer
s�rieusement aux probl�mes. Il est clair, par exemple, que si l'on accueillait tous les
candidats sans adaptation, la PAC exploserait. Certains candidats, mais pas tous, auront
besoin d'une longue p�riode de transition. Etre membre � part enti�re, cela signifie
une �galit� de droits et de devoirs, qui n'est pas r�alisable du jour au lendemain.
C'est pourquoi il n'est d'autre bonne solution qu'une n�gociation sans rel�che, pendant
laquelle vous devez pr�parer vos opinions publiques aux r�sultats envisageables :
montrer en quoi les esp�rances sont satisfaites et les inqui�tudes apais�es.
Mme Ewa Freyberg (Pologne) - La question de l'�largissement
est bien la question majeure.
Si j'ai bien entendu la r�ponse de M. V�drine, je dois r�p�ter ce qui vient
d'�tre dit : nous sommes impatients. Nos repr�sentants politiques sont unanimes �
souhaiter l'int�gration et pourtant les choses sont parfois confuses m�me pour
eux ! Cette confusion est accrue par le caract�re contradictoire des signaux qui
sont envoy�s. L'impatience est, pour quelque candidat que ce soit, dans l'ordre des
choses. Ne vous en �tonnez pas ! L'int�gration exige une vraie r�volution dans
notre soci�t� et nos institutions ; des Fran�ais doivent �tre � m�me de
comprendre ce qu'est une r�volution !
J'aimerais pouvoir ramener dans mon pays des messages plus optimistes.
Mme Hildegard Puwak (Roumanie) - Je remercie la France de ses efforts pour
soutenir nos candidatures. Nous faisons notre possible pour appliquer les recommandations
des pays membres. Toutes les forces politiques roumaines veulent agir dans cette
direction ; cela garantit, m�me au-del� des futures �lections, la continuit� de
notre d�marche d'adh�sion.
Les perspectives d'adh�sion qu'on nous ouvre sont pour nous un encouragement �
intensifier nos efforts et � consolider nos progr�s. Et nous consid�rons que ces
efforts et progr�s ne doivent en aucun cas souffrir de la r�forme institutionnelle.
Celle-ci, nous en sommes persuad�s, ne contrecarre nullement l'�largissement : les
deux processus se renforceront mutuellement, au contraire, pour aboutir � une Europe
forte, efficace et proche des citoyens.
M. Edwin Inkens (Lettonie) - Je ne demanderai jamais de date pr�cise pour
l'adh�sion de mon pays : cette date ne peut d�pendre que de notre propre capacit�
� faire ce que nous devons ! Cependant, il nous faut �tre inform�s du
" sc�nario " de l'�largissement et des crit�res pour l'adh�sion
- notamment de l'importance des crit�res politiques : cela est de l'int�r�t
des Etats membres de l'Union aussi bien que des pays candidats !
Nous sommes reconnaissants � la pr�sidence fran�aise d'avoir demand� � la Commission
d'accro�tre le nombre de repr�sentants officiels travaillant sur cette question de
l'�largissement. Nous savons en effet que des n�gociations men�es nagu�re avec le
" deuxi�me groupe " ont �t� retard�es par manque de personnel et
il ne faudrait pas que nous soyons les otages de ce genre de probl�mes techniques. Cela
�tant, il faut clairement dire qui, parmi nous, est en mesure de combler son retard.
Notre pays est dispos� � n�gocier sur tous les chapitres - mais la Commission y
est-elle pr�te ? Ne manque-t-elle pas de la volont� politique n�cessaire, ou les
moyens administratifs ne lui font-ils pas d�faut ?
M. Jaroslav Zverina (R�publique tch�que) - Mon pays a fait des progr�s
notables depuis deux ans, notamment en mati�re l�gislative, et je pense que nous serons
pr�ts pour l'adh�sion au 1er janvier 2003. Tout d�pendra alors d'une
d�cision politique de l'Union. Or, est-il s�r qu'apr�s que nous aurons satisfait �
tous les crit�res, l'adh�sion s'ouvrira dans un d�lai raisonnable ? Si les choses
tardaient trop, la d�sillusion risquerait de gagner nos concitoyens et le camp des
adversaires de l'adh�sion serait renforc�.
Nous nous f�licitons de la r�solution adopt�e le 1er octobre par le
Parlement europ�en appelant l'Union � accueillir de nouveaux membres d'ici 2004, de
mani�re � ce qu'ils puissent participer aux �lections europ�ennes pr�vues pour la
m�me ann�e. Avez-vous le sentiment, Monsieur le ministre, que ce pari pourra �tre
tenu ?
M. Tassos Papadopoulos (Chypre) - Les n�gociations avec Chypre ont
commenc� sur tous les chapitres : seize d'entre eux sont d�j� ferm�es et cela
devrait assez vite �tre le cas pour trois ou quatre autres. Pourtant mon pays ne
b�n�ficie d'aucun programme de soutien de type PHARE : on a consid�r� que le
revenu par t�te y �tait trop �lev�. En cons�quence, nous avons d� financer nos
r�formes par nos propres moyens, y consacrant � peu pr�s l'�quivalent du budget
national ! Je comprends la position de la pr�sidence fran�aise et j'admets que la
CIG doive se consacrer � des r�formes structurelles, si l'on veut que l'Union �largie
fonctionne convenablement. Mais si cette Conf�rence n'aboutit pas comme pr�vu � la fin
de cette ann�e et si l'Union n'est pas pr�te � accueillir de nouveaux membres au 1er janvier
2003, Chypre, dont ce ne sera pas la faute, devra-t-elle supporter le co�t de ce nouveau
d�lai ? Ne croyez-vous pas qu'il conviendrait alors d'�tudier un plan de soutien
pour tous les pays dans le m�me cas ?
M. Krzysztof Majka (Pologne) - Bien que n'appartenant pas au m�me parti que
Mme Freyberg, je suis pour une fois d'accord avec elle. Il est en effet exact que les pays
candidats abordent de fa�on tr�s �motive la question de l'�largissement. Comment
pourrait-il en �tre autrement, d'ailleurs, sachant les efforts tr�s p�nibles impos�s
� nos concitoyens par les r�formes ? Et la foi ind�niable de notre opinion, que
les sondages traduisent souvent imparfaitement, est de fait contrebalanc�e par la
multiplicit� des r�ponses contradictoires et d�routantes qui nous sont envoy�es.
On parle ici d'�largissement maximal, l� d'�largissement minimal, on sp�cule sur les
dates possibles... Pour sortir de cette confusion, il importe que cette COSAC, puis le
Conseil europ�en de Nice envoient un message clair, qu'il s'agisse des priorit�s, du
calendrier ou des objectifs. La question de l'�largissement devient par trop technique,
ce qui d�courage nos concitoyens. Comment comptez-vous restaurer leur enthousiasme, pour
nous assurer le soutien dont nous avons tant besoin ?
M. Alain Barrau, Pr�sident - Monsieur le ministre va devoir nous quitter afin
de se consacrer au dossier du Proche Orient. Je sais que nos amis repr�sentants des Etats
membres vont �tre d��us, mais je proposerai que nous en restions l� pour les
questions. Apr�s tout, l'essentiel n'�tait-il pas que les repr�sentants des pays
candidats puissent s'exprimer ?
M. Hubert V�drine, ministre des affaires �trang�res - Je suis d�sol� de
ne pouvoir prolonger cet �change, mais je dois en effet me rendre � une r�union avec le
Pr�sident de la R�publique.
Vos interventions m'ont beaucoup int�ress� car elles traduisaient avec force votre
volont� d'entrer dans l'Union europ�enne. Votre impatience m�me me r�jouit car elle
d�montre que l'Union, confront�e pendant tant d'ann�es � tant de probl�mes
compliqu�s, a su les r�soudre de mani�re � devenir attrayante pour beaucoup d'autres
Etats.
J'ai dit tout � l'heure avec une franchise qui se voulait amicale et constructive la
fa�on dont nous voyons la question de l'�largissement, mais j'entends bien le message
que vous nous adressez. Je crois que le Conseil europ�en de Nice aboutira � un accord,
la r�union de Biarritz ayant clarifi� la situation : nous avons bien avanc� sur
deux sujets ; en revanche, sur les deux autres
- l'avenir de la Commission et la question de la pond�ration -, les positions
sont apparues inconciliables. Mais l'on ne peut dire qu'il s'agit de sujets
techniques : ils sont �minemment politiques, aussi, car il y va du fonctionnement de
l'Union �largie. R�gler ces probl�mes est donc de l'int�r�t de tous, Etats membres
comme Etats candidats. C'est pour l'avenir commun que nous n�gocions ! Et, quelles
que soient les difficult�s, je suis persuad� que nous parviendrons � un accord. C'est
l�gitimement que chaque pays de l'Union d�fend ses int�r�ts - comme vous le
faites vous-m�mes dans la n�gociation pr�alable � l'�largissement.
Mais, au-del�, c'est l'int�r�t g�n�ral de l'Europe qui devra pr�valoir, ce qui
suppose des concessions et des compromis. J'�prouve, � ce sujet, un optimisme raisonn�,
fond� sur la volont� d�termin�e de respecter les engagements souscrits, volont� que
je crois partag�e. Dire cela, c'est d�j� donner une r�ponse aux pays candidats qui
observent et attendent, int�ress�s et inquiets. Dire cela, c'est affirmer que nous
voulons aboutir, c'est dire, aussi, qu'apr�s le Conseil europ�en de Nice, l'atmosph�re
sera plus d�tendue.
Pourquoi ? Parce qu'apr�s Nice, plus personne ne pourra pr�tendre comme certains le
font sans craindre le ridicule, que les Quinze se seraient lanc�s dans une r�forme
institutionnelle pour retarder l'�ch�ance de l'�largissement. Apr�s Nice, l'Union
pourra proposer � chaque pays candidat un calendrier d'adh�sion, en tenant compte des
r�formes abouties et de ce qui reste � faire. Le brouillard �tant ainsi dissip�, les
opinions publiques seront rassur�es.
Il faut, j'y insiste, garder son sang-froid par rapport aux multiples d�clarations
contradictoires qui peuvent �tre faites. Je sais l'impatience que suscite, dans les pays
candidats, la question de l'adh�sion, mais j'invite les autorit�s amies � se concentrer
sur l'essentiel, en faisant fi des rumeurs et des on-dit : les candidatures ont �t�
accept�es, des n�gociations sont ouvertes avec douze pays, l'indispensable r�forme
institutionnelle de l'Union est engag�e, un calendrier est fix�, que nous respectons.
C'est aussi simple que cela : une proc�dure a �t� d�finie, et elle est suivie.
L'opinion publique des pays consid�r�s doit en �tre inform�e.
Nous travaillons, ensemble, � assurer un rapprochement qui aura lieu � une date encore
inconnue, mais suffisamment proche pour justifier un double effort : de r�forme chez
nous, de convergence chez vous. Je l'ai dit : nous savons qu'il s'agit, pour les pays
candidats, pour certains surtout, d'un effort consid�rable, qui demande un grand courage,
et j'�prouve un profond respect pour les gouvernements qui conduisent ces politiques
exigeantes, parce qu'ils sont conscients que tel est le prix de l'entr�e dans l'Union et
parce qu'ils savent, aussi, qu'au terme de la n�gociation, une Union �largie efficace
verra le jour.
II. LA
CONTRIBUTION ET LES DECLARATIONS ADOPTEES PAR LA COSAC
A. Examen du projet de
contribution
M. Hubert
Haenel, Pr�sident - Je rappelle que nous ne pouvons, selon notre R�glement, adopter
une contribution si une d�l�gation s'oppose au texte de la pr�sidence. Nous vous
soumettons un projet �tabli d'apr�s les diff�rentes contributions que nous avons
re�ues et qui tient compte des observations pr�sent�es hier soir par les pr�sidents de
d�l�gation lors de la r�union pr�paratoire.
Il s'agit donc d'un texte de compromis. Il revient maintenant � chaque d�l�gation de
l'examiner et d'indiquer s'il subsiste quelque opposition. Certains coll�gues nous ont
d�clar� hier qu'ils accepteraient telle ou telle partie si la Su�de s'engage �
reprendre tel autre point � l'ordre du jour de la prochaine COSAC en mai.
Je donne lecture du premier paragraphe :
" 1. La COSAC appelle les Etats membres � parvenir, lors du Conseil
europ�en de Nice, � un accord sur la r�forme institutionnelle qui garantisse, d�s �
pr�sent, dans la perspective de l'�largissement, l'efficacit�, la transparence et la
l�gitimit� des institutions et qui permette d'accueillir de nouveaux Etats membres �
partir du 1er janvier 2003. Elle exprime son fort soutien au
processus d'�largissement et recommande � la Conf�rence intergouvernementale de
sauvegarder, dans l'accord global pour la r�vision des trait�s, les principes de
solidarit�, de coh�sion, de subsidiarit� et de proportionnalit�, qui sont la condition
d'une v�ritable Union des peuples et des Etats ".
Ce point, relatif � la Conf�rence intergouvernementale, s'inspire de la contribution du
Parlement portugais en y apportant certains compl�ments - les exigences
d'efficacit�, de l�gitimit� et de transparence - et en �vitant, en revanche,
d'�num�rer les sujets � traiter par la CIG ; il s'inspire de la contribution
su�doise pour rappeler que les modifications institutionnelles doivent entrer en vigueur
le 1er janvier 2003 afin de permettre l'�largissement.
Le premier paragraphe est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je donne lecture du paragraphe suivant :
" 2. La COSAC prend acte de l'accord politique d�gag� entre les chefs
d'Etat et de Gouvernement sur le projet de Charte des droits fondamentaux de l'Union
europ�enne dans la r�daction �labor�e par la Convention. Elle appelle le Conseil, la
Commission et le Parlement europ�en � proclamer cette Charte. Elle estime que la
proc�dure retenue, associant des repr�sentants des chefs d'Etat et de Gouvernement, de
la Commission, du Parlement europ�en et des parlements nationaux, pourrait �tre utile �
l'avenir ".
Ce point r�sulte d'une initiative de la pr�sidence, puisqu'aucun projet de contribution
n'�voquait la question de la Charte. Il est vrai que les projets devaient nous �tre
adress�s avant le 15 septembre. Or ce n'est que le 2 octobre que la convention
a fort heureusement conclu ses travaux sur le texte qui a �t� approuv� � Biarritz.
M. le Premier ministre, Lionel Jospin, s'est exprim� hier sur ce texte.
Il ne s'agit pas de se prononcer, compte tenu du d�saccord de certaines d�l�gations,
sur la nature juridique de la future Charte. Le texte �labor� par la convention est un
bon texte lisible par le commun des mortels, jusque dans les �coles primaires de l'Union
europ�enne et exprimant nos valeurs communes. Ce texte devrait pouvoir, un jour, �tre
int�gr� dans le trait�, voire dans le Pr�ambule d'une
" Constitution " -j'emploie � dessein les guillemets, pour aller de
M. Fischer � M. Blair. Je n'oublie pas que nos coll�gues britanniques nous ont
pr�cis� hier avec humour que chez eux le Premier ministre peut faire des d�clarations
sans que le Parlement soit d'accord...
Le deuxi�me paragraphe est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - J'en viens au troisi�me paragraphe.
" 3. La COSAC souligne la n�cessit� pour l'Union, dans l'esprit du Conseil
europ�en de Lisbonne, d'encourager le d�veloppement d'une �conomie de l'innovation et
de la connaissance, favorisant des politiques de promotion active de l'emploi et de lutte
contre le ch�mage et les exclusions. Elle appelle les institutions de l'Union � adopter
durant la pr�sidence fran�aise l'Agenda social europ�en qui, dans le respect du
principe de subsidiarit�, constituera un cadre pluriannuel pour les mesures � r�aliser
dans le domaine social. Ce nouvel objectif strat�gique doit permettre de concilier les
changements r�sultant de la nouvelles �conomie avec les valeurs sociales europ�ennes et
la perspective de l'�largissement ".
Ce paragraphe, portant sur la dimension sociale de la construction europ�enne, s'inspire
du projet de contribution de nos coll�gues portugais, dans l'esprit du Conseil europ�en
de Lisbonne. A la demande de la d�l�gation n�erlandaise, il met �galement l'accent sur
la n�cessit� de respecter le principe de subsidiarit�.
Le troisi�me paragraphe est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Le quatri�me paragraphe du projet est ainsi
r�dig� :
" 4. La COSAC, dans l'esprit du Conseil europ�en de Tampere, appelle l'Union
et les Etats membres � mettre en place, en coop�ration avec les Etats candidats, un
espace de libert�, de s�curit� et de justice qui, dans le respect de la protection de
la vie priv�e, repose notamment sur des mesures concr�tes de lutte contre l'immigration
clandestine, des normes communes pour le franchissement des fronti�res ext�rieures de
l'Union, ainsi qu'un renforcement de la coop�ration entre services de contr�le pour
appliquer ces normes ".
Ce point concernant l'espace de libert�, de s�curit� et de justice s'inspire de la
contribution de nos amis du S�nat italien. Toutefois, la d�l�gation britannique ayant
exprim� des r�serves, nous n'en avons conserv� qu'une partie. A l'issue de la r�union
d'hier, des compl�ments ont �t� apport�s par la d�l�gation italienne et des
observations ont �t� formul�es par nos coll�gues roumains, belges et n�erlandais,
dont nous avons �galement tenu compte.
Y a-t-il d'autres observations ?
M. Pierre Fauchon (France) - Ce texte est excellent !
Mme Mimi Kestelijn-Sierens (Belgique) - Il conviendrait de citer la lutte contre la
criminalit� organis�e...
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Nous en avons discut� hier. C'est � cela .que
se r�f�re " l'esprit de Tampere ". Mais certains coll�gues ont
�mis des r�ticences.
M. S�ren Lekberg (Su�de) - Merci, Monsieur le Pr�sident, d'avoir am�lior�
le texte. Cependant, il manque une r�f�rence explicite � la lutte contre la
criminalit� internationale, � l'exploitation des jeunes femmes et au trafic de drogue.
Sans doute est-il un peu tard, mais si ces trois probl�mes ne sont pas �voqu�s, nous
rejetterons l'ensemble du paragraphe.
M. Jos� Barros Moura (Portugal) - Ce paragraphe est important en soi. Il ne
doit pas se limiter � l'immigration clandestine, ce qui serait mal compris par nos
opinions publiques. J'appuie la proposition su�doise et belge.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Nos amis britanniques s'opposent-ils � ce que
nous mentionnions la lutte contre la criminalit� internationale ?
M. Jimmy Hood (Royaume Uni) - La d�l�gation britannique ne voit aucun
inconv�nient � l'adjonction d'une r�f�rence au crime organis�.
M. Alain Barrau, Pr�sident - La pr�sidence, qui avait cru percevoir des
r�ticences, ne s'oppose pas � l'id�e de nos amis su�dois, belges et portugais. Il n'y
a aucune r�ticence politique de notre part � ce que l'on puisse aller plus loin.
Apr�s la " lutte contre l'immigration clandestine ", la d�l�gation
su�doise propose d'ajouter " la criminalit� transfrontali�re, la traite des
�tres humains et le trafic de drogue ".
M. Pierre Fauchon (France) - Je soutiens la proposition de nos amis belges et
su�dois. Au plan r�dactionnel toutefois, il me semblerait pr�f�rable de ne retenir que
" la criminalit� transfrontali�re ", qui englobe la traite des
�tres humains, le trafic de drogue et d'autres trafics encore.
Par ailleurs, M. Jospin nous a sugg�r� la constitution de groupes de travail :
nous pourrions en faire un sur ce th�me.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Nous reviendrons sur cette question.
M. Juergen Meyer (Allemagne) - Je sugg�re que nous retenions plut�t la
notion de " crime organis� " d�finie � Tampere et encore utilis�e
hier par Mme Guigou. Cette notion, en effet, recouvre toutes les formes de d�linquance
que nous voulons combattre. On pourrait d'ailleurs citer la traite et le trafic des
stup�fiants apr�s un " notamment ". Mais il n'est pas souhaitable
d'�num�rer toutes les cat�gories de crimes.
M. Karl Schweitzer (Autriche) - La d�l�gation italienne avait formul� une
proposition excellente et je m'�tonne qu'elle ne la soutienne pas aujourd'hui.
Nous avons une fronti�re ext�rieure commune. Tous les Etats membres doivent se montrer
solidaires. Il faut que nous prenions des initiatives communes en faveur des r�fugi�s et
contre les bandes organis�es qui pratiquent la traite des �tres humains. Il faudrait
aussi fixer pour chaque pays un quota obligatoire de r�fugi�s � accueillir.
C'est l'int�r�t m�me de la d�l�gation italienne que je d�fends ici.
M. Jos� Borrell (Espagne) - Toutes les r�f�rences propos�es conviennent �
ma d�l�gation. J'aimerais qu'on ajoute encore, apr�s " dans le respect de la
vie priv�e ", les mots : " lutte contre le
terrorisme ".
En Espagne, nous devons d�plorer une fois de plus un attentat. Le texte doit mentionner
la lutte contre le terrorisme et la condamnation des attentats.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Les d�l�gations parlementaires sont unanimes
pour condamner ce qui vient de se passer en Espagne. Je suis personnellement d'accord pour
introduire la lutte contre le terrorisme dans le paragraphe 4.
Par ailleurs, nous allons faire des d�clarations sur plusieurs sujets, comme la situation
en Serbie. Je propose donc qu'en dehors de la contribution, nous condamnions le
terrorisme, de mani�re br�ve mais ferme.
Mme Outi Ojala (Finlande) - Je d�plore ce qui s'est pass� en Espagne. Personne
ici ne peut accepter de tels actes. Mais j'ai peur qu'apr�s la condamnation du
terrorisme, on nous demande aussi de commenter la situation au Proche-Orient...
N'alourdissons pas la contribution.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je vous propose qu'apr�s " un espace
de libert�, de s�curit� et de justice ", nous ajoutions " qui
renforce la lutte contre les formes graves de la criminalit� organis�e et
transnationale ". La question du terrorisme serait trait�e � la fin. Ou
bien : " qui renforce la lutte contre le terrorisme, les formes graves de
la criminalit� organis�e et transnationale... " (Assentiment).
Je constate que cette seconde r�daction fait l'objet d'un accord.
Le paragraphe 4, ainsi modifi�, est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je donne lecture du paragraphe 5.
" 5. Consid�rant que les parlements nationaux, aux c�t�s du Parlement
europ�en, contribuent � la l�gitimit� d�mocratique des institutions europ�ennes, la
COSAC invite la Conf�rence intergouvernementale � modifier la premi�re partie du
Protocole sur le r�le des parlements nationaux dans l'Union europ�enne dans le sens
suivant :
- les documents de consultation et propositions l�gislatives de la Commission
europ�enne devraient �tre transmis par voie �lectronique aux parlements nationaux d�s
leur adoption par le coll�ge des commissaires ;
- le d�lai de six semaines pr�vu au point 3 devrait s'appliquer �galement, sauf cas
d'urgence, aux propositions visant � adopter des mesures dans le cadre des titre V et VI
du trait� sur l'Union europ�enne et aux projets d'accords interinstitutionnels auxquels
le Conseil est partie ;
- un d�lai minimum de quinze jours, ou d'une semaine en cas d'urgence, devrait �tre
observ� entre le dernier examen d'un texte au sein du COREPER et la d�cision du Conseil.
La COSAC rappelle qu'aucune disposition de ce protocole ne saurait porter atteinte aux
comp�tences et pr�rogatives reconnues � chaque Parlement national par les dispositions
constitutionnelles de son Etat ".
Ce paragraphe 5 s'inspire des propositions de la Chambre des d�put�s italienne et du
souhait exprim� par d'autres commissions dans leurs r�ponses au questionnaire en ce qui
concerne le contr�le des politiques europ�ennes par les parlements nationaux. L'alin�a
relatif au d�lai de 15 jours entre l'examen d'un texte par le COREPER et la d�cision du
Conseil est d� � une initiative de la d�l�gation su�doise.
Il convient de rectifier le texte et de placer correctement la r�f�rence au titre VI du
trait� pour tenir compte d'un amendement de la d�l�gation italienne :
" les documents de consultation et propositions l�gislatives de la Commission
europ�enne ainsi que les propositions de mesures � adopter en application des titres V
et VI du trait� sur l'Union europ�enne... "
La r�f�rence au titre VI dispara�t dans l'alin�a suivant.
M. Guido Podesta (Parlement europ�en) - Il convient de pr�ciser que la
Commission doit transmettre simultan�ment les documents et propositions au Parlement
europ�en, au Conseil et aux parlements nationaux.
M. Hubert Haenel Pr�sident - Oui, mais dans ce texte il ne s'agit que de leur
transmission �lectronique aux parlements nationaux.
Le paragraphe 5, ainsi modifi�, est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Mme Nicole Catala, membre de la d�l�gation
fran�aise, rel�ve que le protocole sur le r�le des parlements nationaux dans l'Union
europ�enne, dans son article 5, pr�voit que la COSAC peut examiner toute proposition ou
initiative d'acte l�gislatif en relation avec la mise en place d'un espace de libert�,
de s�curit� et de justice et qui pourrait avoir une incidence directe sur les droits et
les libert�s des individus.
Elle souhaite donc que la prochaine COSAC d�batte de textes sur l'espace judiciaire
europ�en. La pr�sidence su�doise peut peut-�tre nous donner son opinion d�s
maintenant. De toute fa�on la tro�ka en discutera.
M. S�ren Lekberg (Su�de) - Je tiens d'abord � remercier la pr�sidence
fran�aise pour son hospitalit� et pour l'excellente organisation de cette r�union. Les
discussions avec les responsables politiques fran�ais ont �t� fructueuses pour les pays
candidats comme pour nous.
Je vous invite tous � la prochaine COSAC que la Su�de organisera � l'Assembl�e
nationale � Stockholm, du 20 au 22 mai prochain. Nous avons choisi le printemps pour que
nos arbres et nos fleurs vous pr�sentent la Su�de sous son meilleur jour. Le programme,
qui tiendra compte des priorit�s su�doises, est en discussion. Vous pourrez aussi
rencontrer des responsables politiques su�dois. Fin janvier ou d�but f�vrier, la
tro�ka �tablira le programme d�finitif. Elle pourra d�cider sur les propositions comme
celle de Mme Catala.
M. Gerrit Van Oven (Pays-Bas) - Le paragraphe 5 contient des recommandations
sur les d�lais. Il est important de contr�ler si le Conseil les respecte. La prochaine
COSAC pourrait examiner ce qui a �t� fait en ce sens et le cas �ch�ant quelles
pourraient �tre les mesures pour amener les Gouvernements � respecter ces d�lais.
J'insiste aussi aupr�s de la future pr�sidence su�doise sur une autre suggestion qui a
d�j� �t� faite : inscrire � l'ordre du jour de la COSAC la cr�ation d'un groupe
de travail sur tout ce qui rel�ve du troisi�me pilier.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Votre premi�re suggestion est excellente et je
souhaite que la tro�ka la prenne en consid�ration. La cr�ation d'un groupe de travail a
�galement �t� propos�e par M. Raymond Forni, pr�sident de l'Assembl�e nationale
fran�aise, et M. Barrau souhaite s'exprimer � ce sujet.
M. Alain Barrau, Pr�sident - L'id�e a �t� �voqu�e hier � propos du
contr�le qu'exercent les parlements nationaux. La COSAC est d�sormais assez m�re pour
utiliser cette disposition de son r�glement qui lui permet de cr�er un groupe de travail
pour approfondir un sujet important entre deux conf�rences. Plusieurs th�mes sont
possibles : le troisi�me pilier, la place des parlements nationaux dans le contr�le
d�mocratique, les aspects sociaux. M. Haenel est d'accord avec cette proposition de
m�me que les pr�sidents de l'Assembl�e et du S�nat qui sont pr�ts � faciliter
l'organisation de ce groupe permanent.
Si nous en arr�tions le principe avec l'accord de la d�l�gation su�doise, celle-ci
pourrait proc�der � des consultations ult�rieures pour d�terminer un sujet pr�cis
avant la r�union de la tro�ka.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Nous chargeons encore la barque su�doise. Nos
coll�gues su�dois d�cideront.
M. Giovanni Saonara (Italie) - La Su�de est tr�s capable de mener sa barque,
m�me charg�e. La d�l�gation italienne souhaite qu'un groupe de travail permette
d'�valuer le d�veloppement des dossiers importants inscrits � l'ordre du jour du
Conseil de Nice. Elle souhaite que la pr�sidence compl�te son excellent travail en
liaison avec la pr�sidence su�doise et elle est tout � fait favorable � l'institution
d'un groupe de travail permanent pour 2001.
M. Guillermo Martinez Casa� (Espagne) - La Tro�ka devrait �tudier l'id�e
d'une commission qui travaillerait entre chaque r�union de la COSAC. Cette �tude
pourrait d�boucher sur des propositions � faire pour la prochaine r�union pl�ni�re de
la COSAC. Mais ce n'est pas � la Tro�ka de prendre de d�cision.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Certes. Il est clair que la cr�ation d'un
groupe de travail ne peut �tre d�cid�e qu'� la majorit� absolue des d�l�gations.
M. Manuel Dos Santos (Portugal) - L'id�e d'un groupe de travail doit �tre
approuv�e : elle se situe dans le prolongement de l'effort fait depuis les
conf�rences de Luxembourg et de Lisbonne pour renforcer la COSAC. J'encourage la
pr�sidence su�doise.
M. Jimmy Hood (Royaume-Uni) - Je ne voudrais pas d�verser trop d'eau froide
sur cet int�ressant sujet, mais je me demande si le moment est bien choisi pour d�cider
la cr�ation d'un groupe de travail, juste avant la cl�ture de nos travaux. J'�prouve
quelque malaise � vous voir charger ainsi la pr�sidence su�doise si longtemps avant
qu'elle n'entre en fonctions !
Lorsqu'en 1992, la COSAC s'est r�unie pour la premi�re fois, je pr�sidais la Tro�ka.
Nous nous �tions fix� pour r�gle de nous contenter de recevoir des suggestions pour
l'ordre du jour. A pr�sent, on en est � un pr�accord sur le futur ordre du jour !
Un groupe de travail, dites-vous, mais qui ? Quand ? Sur quoi ?
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Ne vous inqui�tez pas. La question n'�tait
pas � l'ordre du jour, il n'est pas question de d�cider la cr�ation d'un groupe de
travail aujourd'hui � Versailles. On discute, c'est tout. Le r�glement de la COSAC exige
la majorit� absolue des d�l�gations pour une d�cision de cette nature.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Notre intention n'est nullement de forcer le
pas, nous voulons r�pondre � une situation politique nouvelle. Le nouveau r�glement de
la COSAC qui a �t� adopt� � Helsinki doit �tre respect� avec l'accord des
diff�rentes d�l�gations. Nous avons tous la volont� d'aller plus loin dans les travaux
communs. Mais il ne s'agit pas de faire adopter � la hussarde la cr�ation de ce groupe
de travail ! La pr�sidence pourrait engager d'ici les quelques semaines qui lui
restent une consultation des d�l�gations dont les r�sultats seraient port�s � la
connaissance de la Tro�ka. Il ne s'agit de rien de plus. On a parl� du Spirit of
Biarritz, voici le Spirit of Versailles !
Mme Outi Ojala (Finlande) - A Helsinki, on a pr�vu la possibilit� de cr�er un
groupe de travail. La Tro�ka pourrait adresser un questionnaire � tous les pays membres
afin que ceux-ci se prononcent sur l'opportunit� de ce groupe de travail. Il serait
dommage de laisser retomber cette importante discussion.
M. Michiel Patijn (Pays-Bas) - Comme nous l'avions propos�, mes coll�gues
belges et luxembourgeois et moi-m�me, � la r�union de Lisbonne, la COSAC devrait �tre
le cadre d'une discussion sur un certain nombre de th�mes, dont celui de l'espace de
libert�, de s�curit� et de justice. Des consultations devraient �tre engag�es avec la
Tro�ka pour mettre en oeuvre cette suggestion.
M. Guido Podest� (Parlement europ�en) - Comme l'a fait la convention sur la
Charte, la COSAC essaie de mettre en place des m�thodes de travail nouvelles. La
pr�sence parmi nous des pays candidats apporte beaucoup � nos travaux et leur ouvre de
belles perspectives futures. Je n'ai pas ressenti la proposition de M. Barrau comme
une fuite en avant ; j'y vois au contraire une importante r�flexion qui devrait
�tre inscrite � l'ordre du jour de la COSAC de Stockholm.
Cela �tant, si notre r�glement adopt� � Helsinki fournit des indications relativement
pr�cises sur la cr�ation de groupes de travail sp�cifiques, il me semble qu'il laisse
une certaine latitude d'interpr�tation. Nous devrions en discuter dans nos parlements,
puis nous verrons quel genre de groupe de travail cr�er.
Si je puis revenir un moment sur le projet de contribution, puis-je sugg�rer un
ajout ? Il s'agirait de rappeler, in fine, qu'aucune disposition du protocole
ne saurait porter atteinte, non seulement aux comp�tences et pr�rogatives reconnues �
chaque Parlement national, par les dispositions constitutionnelles de chaque Etat, mais
" �galement � celles qui sont reconnues aux institutions europ�ennes par les
trait�s ".
M. Dinos Vrettos (Gr�ce) - Pour notre part, nous pr�f�rerions la
formule de commissions permanentes ou de commissions ad hoc, mais nous n'avons rien
contre des groupes de travail. Ceux-ci peuvent en effet contribuer � �lever encore le
niveau de notre collaboration.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - De la discussion, je retiens que, la cr�ation
de groupes de travail n'�tant pas inscrite � notre ordre du jour, nous ne pouvons
trancher mais qu'une majorit� semble se dessiner ici en faveur de cette mesure. Comme l'a
sugg�r� notre coll�gue de la Finlande, nous enverrons donc un questionnaire � chaque
d�l�gation. N'oublions pas par ailleurs la pr�cieuse contribution du Benelux, qui
insistait sur la n�cessit� d'un contr�le permanent : ce sera une raison
suppl�mentaire de prendre nous-m�mes des initiatives si les organes de l'Union tardaient
� r�pondre � notre voeu. De COSAC en COSAC, comme l'a dit M. Podest�, nous aurons
ainsi invent� de nouvelles formules pour �tre plus efficaces et plus proches des
pr�occupations des Europ�ens.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Pour r�pondre � M. Podest�, je ne vois
aucun inconv�nient � ajouter � la fin de la contribution, les mots " ni �
celles attribu�es au Parlement europ�en par les trait�s ".
M. Hubert Haenel, Pr�sident - La discussion de ce sujet avait �t�
close : tenons-nous en au texte initial, quitte � y revenir lors d'une prochaine
conf�rence.
B. Examen des projets de
d�clarations
M. Hubert
Haenel, Pr�sident - Chacun de vous aura sans doute pris connaissance du projet de
d�claration pr�sent� par la pr�sidence � propos de la Serbie.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Nos coll�gues du S�nat fran�ais,
attentifs � une bonne interpr�tation de notre r�glement, ont � juste titre fait
observer que, sur la question de la Serbie, nous ne pouvions pr�senter une contribution
- puisque celle-ci ne peut �tre adress�e qu'aux institutions europ�ennes-, mais
qu'il nous �tait loisible en revanche d'adopter une d�claration. D'autre part, m�me si
nous sommes attentifs � ce qui se passe dans le bassin m�diterran�en, nous avons jug�
que nous manquions d'�l�ments pour nous prononcer sur ce th�me d�licat. Il n'en allait
pas de m�me pour la Serbie et nous vous soumettons donc un texte tr�s simple -il tient
en deux phrases- : " La COSAC salue le courage dont a su faire preuve le
peuple serbe qui a remport� une victoire exemplaire pour la d�mocratie. Elle exprime le
souhait que l'Union europ�enne mette en place une coop�ration nouvelle avec la
R�publique f�d�rale de Yougoslavie afin qu'elle trouve toute sa place en
Europe ".
M. Jos� Saraiva (Portugal) - Notre d�l�gation se r�jouit que la
Conf�rence aille dans la voie ouverte � Biarritz avec la r�ception de
M. Kostunica. Il est en effet indispensable que l'Union ne m�nage aucun effort pour
aider la R�publique de Yougoslavie � r�ussir sa transition vers la d�mocratie et pour
r�pondre aux besoins de la population de ce pays.
Nous soutenons �galement la proposition de d�claration de notre coll�gue Borrell :
il faut en effet condamner fermement le terrorisme qui essaie d'�touffer entre ses
tentacules la d�mocratie espagnole. Nous ne nous �l�verons jamais avec assez de
v�h�mence contre le danger qui menace aujourd'hui ce pays mais qui peut toucher
n'importe quel autre demain !
M. Michiel Patijn (Pays-Bas) - L'id�e de cette d�claration est excellente
mais je trouve les dix derniers mots un peu faibles. D'autre part, il n'est pas av�r�
que l'adh�sion � l'Union soit actuellement la premi�re pr�occupation des Serbes. Je
propose donc de remplacer " afin qu'elle trouve toute sa place en
Europe " par : " afin d'y consolider la d�mocratie et
d'am�liorer les conditions de vie du peuple serbe. ".
M. Alain Barrau, Pr�sident - Nous ne pouvons faire l'�conomie d'une allusion
au pacte de stabilit� et aux relations de la R�publique de Yougoslavie avec l'Union. Je
sugg�re donc que le membre de phrase par vous propos� soit ajout� � la fin de la
d�claration, au lieu de s'y substituer.
M. Antonios Skyllakos (Gr�ce) - Je suis convaincu que je traduis fid�lement
le sentiment de la majorit� du peuple grec en m'opposant � ce projet de d�claration.
L'�volution actuelle en Yougoslavie n'est que le r�sultat de l'embargo, des
bombardements et de tout le soutien apport� � l'opposition par les forces qui se sont
ing�ni�es � s'ing�rer dans les affaires d'un pays tiers. Laissons le peuple serbe
d�cider lui-m�me de son sort.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Si votre d�l�gation s'oppose au projet,
celui-ci ne pourra �tre adopt�...
M. Alain Barrau, Pr�sident - Il ne s'agit ici que de saluer le courage du
peuple serbe !
M. Antonios Skyllakos (Gr�ce) - Je maintiens mon opposition.
M. Dinos Vrettos (Gr�ce) - M. Skyllakos repr�sente le parti communiste
grec et lui seul. En ma qualit� de pr�sident de la d�l�gation grecque, je me prononce
en faveur de l'adoption de la d�claration telle qu'amend�e.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Je suis tr�s heureux que la d�l�gation
grecque se rallie � la proposition de la pr�sidence, compl�t�e, in fine, par
les mots : " et que l'Union europ�enne l'aide � consolider la d�mocratie
et � am�liorer le niveau de vie du peuple serbe ".
Que personne ne se m�prenne : l'esprit de cette d�claration, c'est le d�sir de
tendre la main au peuple serbe et d'aider la Serbie � reprendre sa place dans le choeur
des nations europ�ennes, dans l'int�r�t de tous.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je constate qu'aucune d�l�gation ne s'oppose
� l'adoption de la d�claration ainsi amend�e.
Le projet de d�claration, ainsi amend�, est adopt�.
M. Jos� Borrell (Espagne) - Je remercie la d�l�gation du Portugal du
soutien qu'elle a exprim� � mon pays, durement touch� par le terrorisme, et j'invite la
COSAC � se prononcer sur le projet de d�claration suivant :
" La COSAC manifeste sa r�pulsion la plus vive devant l'acte terroriste commis
hier � S�ville et encourage la soci�t� espagnole et l'ensemble de ses institutions �
continuer d'oeuvrer en commun � la d�fense des valeurs d�mocratiques face � ceux qui
tentent d'imposer leur volont� par la violence totalitaire ".
Lord Tordoff (Royaume-Uni) - Je ne puis qu'�tre favorable � l'esprit qui
sous-tend cette proposition. Je consid�re toutefois que la Conf�rence ne peut se
prononcer � la h�te, sans disposer d'un texte �crit, sur une proposition par trop
r�ductrice puisque, malheureusement, le terrorisme frappe en bien d'autres lieux qu'�
S�ville.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je rappelle que la Conf�rence vient d'adopter
une contribution qui fait allusion au terrorisme. Il est vrai, d'autre part, que la
proposition de d�claration aurait d� �tre transmise hier � la pr�sidence.
M. Jos� Borrell (Espagne) - Formellement, vous avez raison, sans aucun doute,
mais il se trouve que les assassins ne se plient pas au calendrier de nos travaux. Je n'ai
appris ce nouveau meurtre qu'hier soir et je pense le sujet assez grave pour que la COSAC
dise son rejet du terrorisme en Espagne, comme l'ont fait avant elle le Parlement
europ�en, l'assembl�e parlementaire de l'UEO et celle du Conseil de l'Europe.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Je sugg�re l'adoption d'une r�daction
alternative, plus ramass�e et de port�e plus g�n�rale, ainsi libell�e :
" La COSAC condamne avec la plus grande fermet� tout acte terroriste et en
particulier celui qui vient d'endeuiller l'Espagne ".
Lord Tordoff (Royaume-Uni) - Je persiste dans mon d�saccord. Au cours des semaines
�coul�es, trois assassinats terroristes au moins ont eu lieu en Irlande du Nord, sans
m�me parler de ce qui s'est pass� en Corse, en Sicile ou ailleurs sur le territoire de
l'Union. Nous ne pouvons nous prononcer, dans l'urgence, en nous focalisant sur un seul
aspect de la question. Je suis certain de ne pas �tre le seul de cet avis. J'assure la
d�l�gation espagnole de ma compassion, et nous sommes tout dispos�s � aider l'Espagne
dans sa lutte contre l'ETA, mais ce serait une erreur que d'adopter ce texte.
M. Alain Barrau, Pr�sident - J'en appelle � la compr�hension de tous. Il
est vrai que les formes n'ont pas �t� respect�es, mais il est vrai, aussi, que toutes
les forces politiques de l'Espagne se mobilisent pour condamner et combattre des actes
terroristes odieux, dont le dernier a eu lieu alors m�me que la COSAC �tait r�unie. Le
minimum serait de faire �tat de notre indignation et de notre soutien � nos amis
espagnols.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Je me tourne � nouveau vers nos amis
britanniques et irlandais. Le pr�sident Barrau a-t-il �t� assez persuasif ?
Lord Tordoff (Royaume Uni) - Je ne parlerai pas au nom de nos amis irlandais. Mais
je retire mon objection.
Mme Outi Ojala (Finlande) - J'aurais souhait� que cette proposition nous soit
transmise par �crit ce matin. J'ai si�g� pendant deux ans et demi au Parlement
europ�en, dont la proc�dure permet de prendre valablement position sur les sujets
d'actualit�. Nous devrions suivre cet exemple.
Le projet de d�claration est adopt�.
M. Hubert Haenel, Pr�sident - Les pr�sidences suivantes tiendront compte de
votre pertinente observation.
Je constate que notre ordre du jour est �puis�.
Nous pouvons nous f�liciter du travail accompli. La COSAC a prouv� qu'elle existe et
qu'elle peut am�liorer son fonctionnement. Nous allons continuer et de pr�sidence en
pr�sidence, la COSAC montera en puissance.
Je remercie en votre nom tous nos collaborateurs et les interpr�tes. J'adresse mes voeux
� la future pr�sidence su�doise.
M. Manuel Dos Santos (Portugal) - Je tiens � vous remercier, messieurs les
pr�sidents, pour votre accueil et pour le travail politique de grande qualit� que vous
nous avez permis d'accomplir. Vous avez fait de la COSAC une institution respectable.
M. Juergen Meyer (Allemagne) - A mon tour, je veux remercier la pr�sidence
fran�aise pour son hospitalit� et sa comp�tence. (Applaudissements).